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 Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)

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3 participants
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Cassidy

Cassidy


Messages : 142
Date d'inscription : 08/09/2010
Localisation : Suisse

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MessageSujet: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitimeJeu 16 Sep - 18:53

C't'une série de textes qui devait, à la base, expliquer mon absence de presque un an ig. Finalement ça me permet de faire évoluer le côté émotionnel (si si il en a un) d'Exo pour justifier son savant passage de "simple associal" à "gros connard de milicien".

Avant ce premier texte il y en avait deux autres que j'ai perdu (epic win) qui grosso merdo expliquait que Constantine était ruiné et enfermé chez lui en train de mourir de faim et de soif le tout en devenant violemment schyzo' le tout avec une bonne dose de delirium tremens sans qu'on sache vraiment pourquoi. Sur ce, les textes que j'ai retrouvé.

« On ne peut désirer ce que l’on a jamais connu ».

Cette phrase, Constantine l’avait entendu encore et encore, et ne l’avait jamais comprise : Un pauvre n’a jamais connu la richesse, mais la désire, un orphelin n’a jamais connu ses parents, mais le désire, certains hommes n’ont jamais connu la mort mais la désire. Et c’était aujourd’hui, alors qu’il luttait contre le verglas qui recouvrait les pavés pour ne pas tomber, qu’il avait compris. Le temps était maussade. Gris, sans soleil mais néanmoins clair, froid mais pas glacial. Il ne manquait plus qu’une fine pluie à la place du verglas. Devant lui, une personne venait de chuter, lâchant ses achats effectués dans la matinée. Un peu de viande, du pain déjà presque rassis et quelques fruits sommaires. Dont une pomme, qui avait roulé jusqu’aux pieds de l’exorciste. Ce dernier la ramassa, sans un regard pour son propriétaire et croqua à pleine dents. Le fruit était bon, ce qui était étrange, pour une telle saison. Alors qu’il allait reprendre une bouchée, un lourd gant s’abattit sur son bras. Constantine soupira, et récita, d’une voix presque mécanique, tout en relevant la tête.

- Ecoute mon gars, laisse moi finir mon…

Il se tut. Même sa bouche d’ordinaire aussi droite que si elle avait été cousue était restée grandement ouverte. S’en rendant compte, il la referma après quelques secondes sans quitter des yeux la jeune femme qu’il avait devant lui. Elle avait des longs cheveux noirs, des yeux noirs profond dans lesquels il voyait son reflet, de fines lèvres légèrement roses, le teint pale. Elle était relativement petite, mais il se sentait néanmoins minuscule devant elle. Vêtue de noir et de rouge, une mèche cachant son œil droit, elle le fixait, silencieuse, la main tendue, à présent, dans l’autre elle tenait un petit couteau. Constantine envisagea rapidement de ne pas lui rendre sa pomme, malgré le fait qu’il était plus grand, plus fort et qu’il n’avait jamais rendu quelque chose qu’il avait pris, il déposa la pomme dans la main de la femme, mais ne la lâcha que quelques secondes après.

- Vous disiez ?

Sa voix était envoutante, presque une mélodie tant elle était harmonieuse. A la fois puissante et délicate, polie mais sèche. Sans attendre la réponse, et d’un coup agile, elle coupa la pomme en deux et rendit la moitié croquée à Constantine.

- Qu’est ce qui vous fait croire que je me contente d’une moitié de pomme ?
- Qu’est ce qui vous fait croire que je me soucie de ce qui vous contente ?

Il avait voulu jouer les durs, pas parce qu’il voulait une pomme complète, juste histoire de répondre quelque chose. Elle avait répondu de manière naturelle, du tac au tac. Le prenant de cours, c’était rare que les gens répondent, encore moins quand ils étaient seuls et moins bien bâtis que lui. Et pourtant, elle semblait ne pas avoir conscience de ce qu’elle faisait, ou alors elle s’en fichait : Exactement comme lui.

- Je pourrais très bien vous tranchez la gorge et prendre votre nourriture.
- Pourquoi ?
- Parce que je me fiche de ce qui vous arrivera ensuite, je me soucie de moi, le reste du monde peut brûler, tant que j’aurais à boire, ça ne changera pas mon quotidien.
- Ah oui, effectivement, vous auriez put.
- Je le peux encore.
- Et bien, allez y.
Cette dernière phrase avait été lancée sur un ton de défi, sans aucune agressivité, juste une légère provocation, comme une taquinerie entre amis. Ne voulant pas perdre la face, Constantine dégaina son glaive et posa la pointe sous le menton de la jeune fille qui n’avait pas bougé. Il hésita plusieurs secondes qui lui parurent des heures, conscient que plus il attendait, plus il avait l’air idiot, et que ce serait encore pire s’il rengainait. Il appuya légèrement, pour la forme, et rangea son arme.

- Et bien ?
- J’vous aime bien.
- Et alors ?
- Alors je ne tue pas les gens que j’aime bien, sauf quand ils me doivent quelque chose et qu’ils ne veulent pas payer leurs dettes. Ou quand j’ai besoin de leur mort.
- Je vous dois une demi-pomme.
- Je l’ai trouvée très mauvaise, en fait.
- Ah, bien sûr.

Elle n’était pas convaincue, et le montrait ouvertement par un léger sourire en coin. Elle croqua dans sa propre moitié, avant d’ajouter.

- Et bien moi, je la trouve délicieuse, alors si vous n’en voulez pas.

Et elle reprit la moitié de la main de Constantine, sans spécialement se hâter. Puis elle rangea les restes de la pomme et son couteau dans le sac de toile.

- Alors, vous êtes quoi ? Un dangereux voleur de pommes ? Un vendeur d’armes ambulant sans le sou ? Un milicien qui abuse de son autorité ?
- Respectivement : Prêtre, chasseur de primes, milicien et exorciste. A chaque fois renvoyé. Les temples n’aiment pas mes méthodes, la milice n’aime pas les alcooliques et la guilde de chasseur de primes a mit une somme sur ma tête, pour que je parte.
- Et bien, votre famille doit être fière de vous : Un alcoolique violent et recherché.
- Je crois que là ou elle est, elle n’en a strictement rien à faire.
- Partit sans le rebus de la famille ?
- En quelque sorte : Ils sont morts.
- Désolée.

Elle semblait enfin avoir perdu de son assurance, juste quelques secondes, mais Constantine ne voulait plus l’épater.

- Vous les connaissiez ?
- Euh…non.
- Alors je ne vois vraiment pas en quoi vous êtes désolée.
- C’est une formule de circonstances, comme quand on dit félicitations après un mariage arrangé entre un bandit avec des relations et une jeune fille pleine d’or.
- Je vois.

Il resta silencieux encore quelques minutes. Elle n’était plus aussi sûre d’elle qu’avant, elle semblait presque triste.

- C’est une tête de circonstance ?
- Non, mon père aussi est mort, et je me dis que sans ma mère, ça aurait été dur, non ?
- Je pense que les pillards avaient d’autres préoccupations que mes sentiments.
- Ca ne répond pas à la question.
- D’après les prêtres qui m’ont élevés : Je suis dénué de tous sentiments positifs et de toute forme d’empathie, je suis devenu un alcoolique dévoré par la haine et j’ai aussi des pulsions, genre des surplus de violences.
- Et d’après vous ?
- Ca m’a rendu moins vulnérable, moins clément et je rends les patrons de bar heureux.

A nouveau, elle esquisse un vague sourire. Le genre de sourire pour lequel il serait prêt à tuer le roi. Un sourire qui lui donne envie de faire de même. Une indescriptible sensation de bien être. Pas vraiment de la joie ou du bonheur, mais quelque chose d’assez proche.

- Ca vous fait rire, ma vie « de pauvre orphelin opprimé » ?
- Non, pas du tout. C’est la façon dont vous en parlez, comme si c’était un sujet de plaisanterie, comme si ce n’était pas à vous que ça était arrivé.
- Je vois. Bon, vous m’excuserez mais je n’étais pas là uniquement pour ramasser votre pomme lorsque vous tomberez.

Il ne veut pas vraiment partir, même pas du tout, mais il sent qu’il ne va pas tarder à avoir froid. Et il aurait l’air idiot, à trembler. Il tourne rapidement les talons tandis qu’elle lui répond.

- Il se pourrait que j’aie besoin d’un exorciste, d’ici peu. Ou est ce que je peux vous trouvez ?
- A l’auberge des fées, deux rues plus loin.
- Vous y résidez ?
- Non, je ne rentre chez moi que pour travailler ou dormir.
- Et vous habitez ou ?
- Hm, je travaille dans la forêt, dans une cabane, près de Sarosa. Et je dors parfois à l’auberge, parfois chez une…amie. Parfois ailleurs.

Sans un mot de plus, il part rapidement sentant le regard de la femme derrière lui, jusqu’au coin de la rue. Il parcourt rapidement les derniers mètres, repensant à ce qu’il vient de vivre. Il entre, commande son habituel verre de Whisky mais au lieu de le boire, il l’observe. Il n’a plus soif. Et la fille, son parfum de menthe, sa voix douce, sa beauté, son comportement insouciant. Tout ça et plus encore lui tourne dans la tête, sans fin. Pour la première fois depuis bientôt 20 ans, il désirerait être aimé. Puis, se rendant compte qu’il divague, il se remet à boire, pour ne plus penser.



Vicky observe l’exorciste ne devenir plus qu’une silhouette, au fond de la rue, puis disparaître. Elle hésite à lui courir après, puis se dit qu’elle aura déjà assez de mal à trouver un possédé pour avoir une bonne raison de revoir l’inconnu, et reprend la route jusqu’à chez elle, faisant attention à ne pas glisser. Son esprit vagabondant sur tout ce qu’elle pourrait dire et faire, lors de leur prochaine rencontre…


***

Vicky entre dans l’auberge. La chaleur et l’odeur de sueur et d’alcool lui sautent au visage presque immédiatement, tandis qu’elle referme la porte d’un coup de pied. Elle parcourt le comptoir du visage, aucun signe de Lui. Puis les tables. Il n’est pas là. Elle soupire, hésite à aller fouiller la forêt, puis se dit qu’elle ferait mieux d’informer le patron de ses intentions. A peine accoudée au comptoir, le tavernier l’interpelle.

- Qu’est ce que ce sera pour vous ?
- N’importe quoi, du lait, si possible. Et des informations.
- Je peux vous refiler un tuyau infaillible sur la course de dem…
- Non, non. Sur un de vos clients. Un exorciste, cheveux blancs, cape rouge, l’air hautain et froid.
- Ah oui. Un habitué. Vous devez être la femme des pommes.
- Pardon ?
- Il a parlé de vous, entre son 15ème et son 16ème verre.
- Ah, et qu’a-t-il dit ?
- Que vous étiez mieux roulée que la meilleur des catins de Trigorn, et que si vous aviez eut moins de répartie, il vous aurait mise dans son lit.

Vicky sent la colère lui monter aux joues. Etre comparée à une catin ? Pour qui se prenait-il ?

- Et bien vous direz à cet alcoolique notoire que…
- Oh oui, moi aussi je le déteste.

La voix vient de son dos, une voix sèche et glaciale, avec une pointe d’amusement ironique. Le tavernier sert le lait et retourne à ses verres, l’air gêné. Sans se retourner, elle comprend, grandement aidée par l’odeur de Whisky fermenté, que c’est Lui, dans son dos.

- Vous auriez put venir me parler en salle, vous savez, inutile de martyriser ce pauvre Paul.
- Mais, vous n’étiez pas en salle !

Constantine désigne du menton le coin de l’établissement ou, à coté de la chaudière, quelques bouteilles vides trainent. Puis, il en revient à Vicky.

- Alors, que voulez-vous me dire ?
- Que… que vous pouviez toujours courir pour me voir dans votre lit. Pour qui vous me prenez ? Et aussi pour le problème d’exorcisme, dont je vous avais parlé.

Il acquiesce en silence, sans un mot d’excuse ni même une expression gênée sur le visage. Le visage impassible, le regard distant et froid. Il semble nettement plus assuré qu’il y a deux jours, dans la rue. D’un geste de la main, il lui demande de passer devant. Elle boit son verre de lait d’une traite, le paie, puis quitte l’établissement, l’exorciste sur ses talons. Le temps n’est toujours pas à sa convenance. Vivement une bonne pluie. Elle zigzague dans les rues, jusqu’à sa demeure, une maison de trois pièces peu meublée. Elle se retourne pour indiquer à son futur employé qu’ils sont arrivés, et s’aperçoit que son regard est rivé sur ses fesses.

- Ca va, je vous dérange pas trop ?
- Je vous préférais largement de dos, à vrai dire.
- C’est ici, entrez et faites votre boulot.

Tandis qu’il disparaît dans le bâtiment, Vicky sent l’angoisse monter. Elle a pris un type qui délirait, dans la rue. Un idiot de village. Elle se demande quel va être la réaction de l’alcoolique. Sûrement pas celle qu’elle espère, au plus profond d’elle-même. Le claquement de la porte, la fait sursauter. Constantine sort, la dévisage un bref instant puis tend la main.

- 100 pièces, pour le dérangement inutile. Je fais pas les tarés.
- Quoi ? Mais c’est de l’escroquerie !
- C’est les prix, si vous n’avez pas les moyens je me servirais dans votre mobilier.

Folle de rage, elle lui jette une petite bourse au visage. Non seulement elle a passé sa nuit à chercher ce type pour rien, mais en plus il n’a même pas pensé qu’elle avait fait ça pour le revoir. Elle rentre, jette littéralement le pauvre innocent dehors, puis claque la porte. Partagée entre colère et tristesse, elle s’assoit dans son lit et attend. Attend de trouver une solution, attend qu’il frappe à la porte comme dans ses espoirs les plus fous, attend qu’il disparaisse de son esprit.


De son côté, Constantine s’assois sur un banc de pierre, en face de la maison de Vicky. Il a compris tout de suite, qu’elle voulait simplement pouvoir lui reparler. Et à vrai dire, il en était content. Mais pour regagner un peu d’éclat, suite à leur rencontre dans la rue, il ne s’était pas laissé prendre. Il se surprit à sourire en repensant à Elle, puis il prit sa flasque et se mit à boire, attendant qu’elle ressorte pour lui crier quelque chose au visage.


Vicky ne tient plus en place, elle a besoin de prendre l’air. Elle enfile un manteau et ouvre sa porte, se heurtant à Constantine, debout, le poing levé prêt à toquer à la porte. Elle reste silencieuse et immobile, sur le coup de la surprise, puis décide de lui montrer qu’elle ne va pas se laisser faire.

- Encore vous ?
- Oui, je vous ai économisé de glisser sur les pavés en vous attendant juste devant votre porte.
- Très drôle. Qu’est ce que vous me voulez, encore ? Me mettre dans votre lit et me faire payer après ?
- Et bien, il manque une dizaine de pièces. Donc soit vous me réglez en nature, soit vous me laissez venir prendre une bouteille.
- Aucun des deux, je vais aller vous payer deux verres de lait au pub, ça remboursera ma dette.
- Du lait ?
- Oui, ça vous évitera de débiter des âneries.

Elle lui passe devant, pour pas qu’il ne voie son sourire. Il allait frapper à sa porte. Et pas pour les pièces, il y en avait 100, elle en était certaine. Elle se sentait légère et heureuse. Et elle ne put retenir un léger éclat de rire, en entendant Constantine ronchonner quelques insultes en lui emboitant le pas.

***

Constantine acheva de nettoyer la lame de son glaive avec un vieux torchon, puis rengaina et jeta le fourreau à quelques centimètres de lui. Il était assis, dos à un tronc d’arbre dont l’ombre lui procurait un léger soulagement. Il faisait beau, et Constantine détestait ça. Vicky aussi, et, agenouillé près de lui, elle profitait également de l’ombre de l’arbre. L’exorciste appréciait sa présence. Elle était rafraichissante. Un rayon de lumière dans les ténèbres quotidiennes. Cela faisait une vingtaine de jours qu’elle était devenue son assistante. Malgré toute sa réticence, il n’avait sut dire non.

- Tu vas me faire croire que tu as tué un des hommes les plus dangereux de Trigorn sans le savoir ?
- Mais c’est la stricte vérité.

Elle affichait ouvertement son sourire, depuis peu. Elle souriait tout le temps, pratiquement, sauf quand elle n’avait plus besoin d’être à son service. De son côté, il s’était rendu compte qu’il avait progressivement abandonné le ton glacial auquel il était tant accoutumé. Cela l’avait surpris, au début, mais il s’y était fait.

- C’était un espèce de taré démoniaque qui avait tué quelques types dans la ville, toujours dans un bain de sang. Il a essayé de s’en prendre à moi, une fois et je l’ai tué. C’est une patrouille qui m’a avertit qu’il y avait récompense.
- Toi, Constantine, l’homme qui n’aime que lui, tu as aidé la ville sans savoir qu’il y avait une récompense ?
- J’ai sauvé mes miches, c’est tout.

Il aurait put mentir, prétendre être un protecteur de la veuve et de l’orphelin qui ne vit que pour le bien et la justice. Mais il avait la vague impression qu’elle n’aimait pas les héros typiques. Depuis le début de la journée, il lui racontait ce qu’il avait fait, au long des années. Il aurait trouvé ça barbant, à sa place. Mais pas elle. Comme si des histoires de combat égoïste pouvait l’intéresser, sincèrement.

- Et ta femme ?
- Ma femme ?
- Sasha.
- Ce n’est plus ma femme, et, en fait, elle ne l’a sûrement jamais été.
- Parle-moi d’elle.

Constantine hésita. Il n’aimait pas parler de Sasha, les gens se mettaient à le haïr lorsqu’il le faisait. Car elle avait été aimante et attentionnée, tandis que lui n’avait jamais songé, ne serait-ce qu’une fois, à leur couple. Il était soul, le jour du mariage, et n’avait jamais considéré Sasha comme autre chose que la sœur de son ancienne apprentie. Pourtant, il répondit quand même à la question.

- C’était une ange, naïve, innocente, attentionnée, amoureuse. J’étais plus ou moins forcé de la fréquenter, sa sœur était également une ivrogne et allait devenir mon apprentie. Je ne me suis jamais rendu compte de ses sentiments, et elle m’a marié alors que j’étais ivre mort. S’en est suivit une relation difficile. On enchainait dispute sur dispute, ou alors on ne se voyait pas. J’ai failli la tuer, à plusieurs reprises. Finalement, j’ai divorcé, et le lui ai annoncé. Folle de rage, elle et sa sœur m’ont en voulu pendant des mois et des mois, puis je ne les ai plus revues.
- Ah, et tu ne l’aimais pas du tout ?
- Ca fait partie des choses que j’ai perdues en même temps que mes parents.
- Et tu n’as jamais cherché quelqu’un ?
- Pourquoi faire ? Je suis aussi doué en sentiments qu’une vache en diplomatie. Je bois pour plus que je ne gagne et je passe mes journées à travailler. Même si je le pouvais, aucune femme ne voudrait de ça.
- Vu comme ça.

Son ton était trop neutre pour être naturel. Comme si elle n’était pas convaincue, mais il ne le releva pas.

- Tu… tu as essayé de la tuer ?
- Ouais. Du temps où j’étais milicien je l’ai même fait enfermer une semaine au trou. Le temps que je puisse divorcer.

Un nouveau silence. Il y avait de quoi, il venait de lui dire qu’il avait voulu tuer une femme juste parce qu’elle était amoureuse de lui. Il avait eut tort de parler de Sasha, ça allait encore lui porter préjudice. Pour changer de sujet, il retourna la question.

- Et toi alors, personne normale dotée de sentiments, combien de maris tu t’es trainé ?
- Je n’ai jamais été mariée, j’ai fréquenté des types rencontrés à droite à gauche, mais aucun n’était vraiment parfait.
- Ca doit être chiant.
- Quoi ?
- Passer des plombes à trainer quelqu’un pour se rendre compte que finalement, c’est qu’un type comme un autre.

Son visage se fendit à nouveau d’un sourire.

- C’est pas exactement comme ça que ça se passe. Disons qu’on passe de bons moments, et qu’on se rend compte que finalement, ça aurait dut rester un ami.
- Je vois.

Non il ne voyait pas, il n’avait même aucune idée de ce qu’il était censé voir. Mais il avait sentit qu’il devait dire quelque chose. Après quelques secondes, il ajouta.

- Je n’ai jamais eut de « Bons moments » avec Sasha.
- Alors ce n’était vraiment pas la bonne.

Constantine acquiesça en silence, et but un peu de sa flasque. Sous le regard surpris de Vicky.

- Tu ne crois pas que t’as assez but pour la journée ? Tu as pris une dizaine de verres au bar, et c’est la cinquième fois que tu termines ta flasque…On est qu’au milieu de l’après midi.
- Et alors ?
- Et alors si tu buvais un peu moins, tu serais peut être plus efficace dans ton boulot.
- Ca empêche de trop réfléchir, de se rendre compte qu’on risque de crever en allant balancer des prières à la tronche d’un démon deux fois plus grand que soit. Ca empêche de mémoriser, et de se rappeler.
- Ca te ruine la santé, surtout.

Et sans plus de discussions, elle lui arrache la flasque des mains et la glisse dans son sac duquel elle extirpe une petite bouteille d’eau, prise à la rivière. Constantine jauge la fiole du regard, pas d’odeur, pas de couleur. C’est juste froid. Face à l’insistance de Vicky, il en boit une gorgée. L’eau le rafraichit, deux fois plus que l’alcool. Il n’y a pas de gout, c’est comme ne rien boire, les effets néfastes en moins. Il rebouche la bouteille.

- Et si tu arrives à ne plus boire autre chose que de l’eau pendant deux mois…
- Quoi ? J’aurais un sucre et une tape derrière la tête ? Tu crois vraiment que c’est avec des promesses qu’on empêche un type de boire ?
- Très bien, dans ce cas je suppose qu’il est inutile de te dire ce que tu auras.
- Je préfère, puisque je ne l’aurais jamais.

Le ton n’était même pas monté, comme si c’était normal. En s’en rendant compte, il eut de nouveau envie de sourire, sans pour autant y arriver. Une vague grimace tout au plus.

- Bon, je n’étais pas censée apprendre à devenir Exorciste ?
- Oui, effectivement. Mais tu voulais des exemples concrets, après t’as voulu que je parle de Sasha…
- Oui, je sais, je sais. C’est ma faute, comme d’habitude. Alors, ces explications ?

Constantine comprit qu’elle était vexée qu’il ne veuille pas cesser de boire, ni même essayer.

- Qu’est ce que ça peut te foutre, que je boive du Whisky ou de l’eau ?
- Ca change ton espérance de vie, et de survie, aussi.
- Et alors ? En un an t’auras de quoi apprendre seul.
- Tu n’as pas pensé qu’après avoir appris je pourrais continuer à vouloir parler avec toi, ou te demander des informations…ou éventuellement faire équipe.
- Non, je n’y avais pas pensé.
- Alors ?
- Alors je bosse en solo.
- Je vois.
- Mais je pourrais faire une exception pour une ancienne élève.
- Alors c’est d’accord.
- Mouais, mais la formation te coutera le double.
- D’accord.

Un court silence de surprise, pour Constantine, de satisfaction, pour Vicky.

- J’aurais quoi, dans deux mois ?
- Tu verras bien, puisque tu n’as pas voulu savoir.

Il voulut objecter quelque chose, mais s’y renonça. Elle était aussi têtue que lui, et surtout, il sentait qu’il aurait beaucoup de mal à tenir deux mois sans Whisky.


***

Vicky sortit de chez elle, fermant consciencieusement la porte. Avoir une rencontre de nuit avec Constantine, professionnelle, certes, mais une rencontre quand même. Et faire des heures supplémentaires n’était pas du genre de son mentor. Elle était très fière de lui : Il n’avait pas but une goutte d’alcool ces 3 derniers jours, et sans même ronchonner une seule fois. Elle frissonna de plaisir en repensant à son sourire. Le seul qu’elle avait vu sur son visage depuis leur rencontre. Pour rejoindre Constantine, elle devait passer sur les docks. Elle pressa le pas en passant devant trois marins qui la sifflèrent. L’un d’entre eux l’appela, puis lui courut après, suivit de ses deux amis. Le premier l’attrapa fermement par l’épaule et la fit se tourner. Elle lui décocha un fulgurant coup de genou dans l’entrejambe. Le marin lâcha sa proie et tomba à genoux. Un deuxième coup le cueillit à la mâchoire et le fit tomber sur le dos. Le deuxième lui rua dessus et l’attrapa fermement, par derrière. Elle lui décocha des coups de tête désespérés qui lui cassèrent le nez et déchaussa certaines de ses dents. Le troisième approcha, sortant un couteau long rouillé et tâché de sang, puant le poisson plus ou moins frais. Quelque chose vint se planter dans sa tempe et s’y enfonça. Il s’affala sur le quai sans un son. Elle profita de la surprise de son compatriote pour se dégager et lui mettre un coup de coude dans les côtes. Elle entendit un sifflement dans l’air, puis sentit le corps du marin s’effondrer sur elle. Elle le repoussa dans un cri pour contempler le carreau qui traversait sa gorge.

Constantine s’avança sur le quai, un air déçu sur le visage.

- Moi qui te trouvais douée au corps à corps…
- Pas assez pour trois marins bien bâtis, manifestement.

Il y eut un bref silence, que seul les gémissements du premier marin interrompaient jusqu’à ce que Constantine lui enfonce manuellement un carreau dans le cœur avant de tous les récupérer et les nettoyer.

- Merci.
- Hu ?
- De m’avoir aidée…
- C’est rien, j’aurais dut me douter que venir ici en tant que femme désarmée était dangereux.

Elle voulut lui répondre qu’elle n’était pas une de ces filles qui se faisait enlever sans résistance, mais c’était difficile à prouver, après ce qui venait de se passer. Elle se posta droit en face de lui.

- Et pourquoi je suis là, en fait ?

Elle l’observa de près, ses yeux gris étaient hypnotisant, et, pour une fois, il ne sentait pas l’alcool fermenté.

- Ca fait encore une dette.
- Quoi ?
- Tu me dois quelque chose, je viens de te sauver la vie.
- Effectivement, mais je te rappelle que je ne coucherais pas avec quelqu’un qui n’est pas avec moi.
- Qu’à cela ne tienne.
- Non non, tu ne deviendras pas mon copain pour seulement une nuit.
- Et si je le devenais pour plus ?
- Comment ça ?
- Pour plus qu’une nuit, pour plus que le plumard et pour plus que t’enseigner des trucs ? Je veux dire, genre pour essayer quoi.

Elle resta bouche bée, c’était une déclaration de plus in-conventionnelles, mais c’était la plus belle qu’on lui ait faite. Elle se colla contre l’exorciste et l’enlaça. Elle sentit les bras de Constantine se refermer sur son dos et l’étreindre. Elle ferma les yeux. Constantine lança alors un vague « Quelle classe, Constantine, t’assures. » et elle éclata de rire en l’étreignant à son tour. Elle n’avait jamais été aussi heureuse de sa vie. Ils restèrent debout, l’un contre l’autre, presque une heure entière.

- Et maintenant, on couche ensemble ?
- T’es incorrigible, hein ?
- Faut croire…Alors on fait ça chez qui ?
- Ma maison confortable ou la milice viendra me chercher ou une cabane en forêt que personne n’a jamais vu…le choix n’est pas évident.
- La maison de mon ex-femme, donc.

Et ils retournèrent en ville rapidement presque jusqu’aux portes de celles ci afin de rejoindre la demeure de Sasha. Epuisé, il tira deux couvertures sur le sol et s’allongea, utilisant un coussin de fauteuil comme oreiller. Vicky s’allongea à ses côtés, tête et main sur son torse. Sa présence compensait vingt fois de devoir dormir sur des dalles irrégulières et glaciales.

- Si je t’ai laissé le lit c’est justement pour…
- C’est parce qu’il est trop petit pour deux personnes. Tu n’as même pas passé une seule nuit avec cette femme ?
- J’aime mon travail.
- Et ce soir ?
- Je me concentre sur ta formation…

Elle sourit et se pelotonna contre lui. Il avait toujours détesté dormir, encore plus avec quelqu’un. Même les chiens n’osaient plus l’approcher, pendant ses missions nocturnes. Mais là, il trouvait ça agréable. Il ne voulait pas aller plus loin, contrairement à ce qu’il avait cru. Il ne voulait pas non plus la repousser. Il voulait juste la savoir avec lui. Il l’enlaça également et ferma les yeux, attendant le sommeil en profitant au mieux d’Elle.

Vicky écouta le cœur de Constantine, puis son souffle devenir profond, signe qu’il dormait. Au milieu de la nuit, elle fut réveillée par ses mouvements. Il semblait cauchemarder, et de manière plutôt horrifique. Elle passa sa main sur sa joue, le fixant. Il semblait beaucoup plus paisible et délicat, endormit. La caresse le réveilla, d’instinct il porta la main à son coutelas près du lit, puis ouvrit les yeux. Il reposa l’arme et lui sourit. Cela la surpris, mais elle ne le fit pas remarquer.

- Ca va ?
- Rien de plus dangereux que quelques souvenirs, t’en fais pas.
- D’accord…

Elle allait se recoucher contre lui, mais il se redressa en se frottant les yeux. Il lui adressa un vague sourire qui avait l’air de vouloir dire « Tiens, t’es encore là ? » puis passa une main dans ses cheveux pales.

- Ou tu vas ?
- Nulle part. Je vais aller bosser…ou traîner en ville, on verra.
- Mais…tu as dut dormir quatre heures grand maximum…
- Je sais, mais tu peux encore dormir, toi.

Il lui caressa la joue avec affection, la fixant dans les yeux.

- Je veux t’aider, je veux que tu m’apprennes. Dit-elle, soudainement réveillée comme si elle sortait d’une demi journée de repos.
- Oh, tu sais, c’est assez barbant et il faudrait t’expliquer pas mal de trucs…ça n’entre pas vraiment dans ta formation.
- Ca m’intéresse, affirma-t-elle avec un sourire.
- Je vais aller fouiller tout mes vieux bouquins en cherchant des allusions, plus que vagues, à un démon…c’est chiant.
- Je m’en fiche.

Elle lui adressa un sourire radieux, et Constantine comprit qu’il allait devoir travailler avec son apprentie, maintenant. Non pas que ça lui déplaise, mais il allait mettre du temps à s’y habituer, voilà tout. Il lui fit signe, enfila sa cape pourpre, ramassa ses armes et lui ouvrit la porte. Elle enfila rapidement sa tenue de la veille et sortit, l’embrassant au passage. Une merveilleuse journée s’annonçait.

***

Constantine accéléra le pas. Pourquoi n’était-elle pas au bar, comme convenu ? Bien qu’elle sache se défendre seule, et qu’une femme, de manière générale, n’est jamais à l’heure, il était inquiet. Une sorte de pressentiment désagréable qui grandissait au fur et à mesure qu’il remontait la rue. La journée était belle, nuageuse sans être froide. Il n’y avait aucune raison que quelque chose la gâche, tentait-il de se raisonner.

Puis il aperçu l’attroupement devant la demeure de sa chère et tendre. Deux miliciens encadraient une foule bruyante et remuante. L’exorciste couru les dernières mètres qui le séparaient de la maison, bouscula les civils afin de se retrouver face au corps sans vie de Vicky, baignant dans son sang, sur les pavés de la ville. Il tomba à genoux, ne pouvant détacher son regard du cadavre. Un silence de mort était tombé, la foule l’observait, gênée et triste pour lui. Des larmes coulèrent silencieusement le long des joues de Constantine, laissant des marques bien nettes parmi la crasse qui recouvrait son visage, suite à sa dernière mission. Pas un seul sanglot, pas un seul murmure, pas une seule supplication. Juste les larmes.

Deux heures plus tard, un officier arrivait, pour constater les faits, régler la paperasse administrative pour la mairie et trouver un coin ou jeter le corps. Constantine lui indiqua ses exigences quand à l’enterrement, au monument funéraire qu’il souhaitait faire ériger, et les détails de la cérémonie. Il ne s’y rendit pas, mais paya le double de ce qui était convenu, pour qu’on plante de rares fleurs du Sud sur la tombe. Les fleurs préférées de Vicky. Ce fut fait. Constantine avait de son côté commencer à se préparer pour partir. Traquer les assassins et leur faire payer. Il se rendit une dernière fois à la tombe et contempla la pluie qui faisait luire l’énorme monceau de pierre. Puis, ne pouvant contenir sa haine et sa tristesse, il poussa un hurlement en agrippant la roche.





Constantine se réveilla, en sueur et scruta sa cabane plongée dans l’obscurité. Il voulut se lever mais déjà il entendait les voix dans sa tête qui se moquait. Il resta donc allongé, espérant se rendormir. C’était peine perdue. Il se redressa et se dirigea vers une des nombreuses bibliothèques pleine à craquer de parchemins et de livres anciens. Il constata qu’il avait du mal à souffler et dut s’appuyer contre l’étagère pour ne pas tomber, pris de vertiges. La douleur, de faim et du manque d’alcool, le cueillit brutalement. Il sentit son cœur s’affoler. Tout devenait trouble. Il s’efforça de tirer un épais livre noir sans aucun titre sur la couverture. Il se laissa tomber, assis sur les fesses, et caressa l’ouvrage sans oser l’ouvrir. Une larme tomba sur la couverture, puis une autre. Puis Constantine fut pris d’une quinte de toux et sa tête bascula violemment en avant. Les ténèbres. Il entendit un bruit lointain, Vanilius venant le chercher, sans doute. Et en effet, il se sentit tiré dans les ténèbres. Il s’accrocha à son livre de plus belle avant de complètement perdre connaissance.

Alliage avait crié le nom de l’exorciste, de surprise, le voyant allonger dans le foutoir qu’était devenu sa cabane. Il posa deux doigts sur la gorge du mourant. Il y avait quelque chose, irrégulier et faible, mais bel et bien présent. Il saisit Constantine par un pied et le traîna jusqu’à sa monture. Il le hissa sur sa monture et partit vers l’infirmerie la plus proche. Même s’il devait en mourir, Constantine payerait ses dettes.
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MessageSujet: Re: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitimeJeu 16 Sep - 18:54

Second texte, quelques mois plus tard.

Constantine contemplait, silencieux, la mer calme et sombre qui s’étendait à perte de vue. Adossé à un lourd poteau de bois qui servait de lampadaire, en extrémité de quai, il tapotait sa canne de métal en rythme sur son épaule, l’esprit dans le passé.

Une année. Cela faisait une année que sa compagne était morte. La seule femme qu’il n’avait jamais aimé en vingt cinq ans, la seule personne à qui il avait porté de l’affection. Il n’avait jamais trouvé de sens à donner à sa vie, les buts habituels de l’espèce humaine ne l’intéressaient pas, fortune, travail, gloire ou famille, il s’en moquait. Il passait son temps à le tuer, buvant encore et toujours, tout au long de la journée, afin d’accélérer le temps qui passe. Il était trop lâche pour mettre fin à ses jours et trop fainéant pour chercher un vrai passe temps, il avait donc choisit de mettre à profit ce que le temple dans lequel il avait grandi lui avait appris afin de gagner de quoi survivre. Et il avait attendu ainsi, des années, attendu sa mort, attendu un but, attendu une chose dont il n’avait pas la moindre idée.

Elle lui était alors apparue, un matin froid. Un matin que Constantine n’oublierait jamais. Il avait la gueule de bois, elle était belle. Il avait froid, elle était drôle. Il la voulait, elle le charmait. Il s’était revu presque tous les jours, pendant un mois avant qu’enfin l’exorciste comprenne que c’était l’amour qui hantait son âme et occupait son cœur. Ils avaient alors vécu une idylle douce et paisible, ils passaient leurs journées ensemble, à ne rien faire, la plupart du temps. Puis, un matin, inquiet de son absence, il avait traversé la ville jusqu’à chez elle, espérant la rencontrer en chemin. Il la retrouva, allongée devant sa demeure, entourées de civils choqués et de miliciens anxieux. Assassinée. Constantine avait dépensé toutes ses économies dans l’enterrement de sa douce, plus perdu que jamais il errait dans le cimetière, comme si elle allait sortir de terre et revenir lui prendre la main.

Puis était venue la colère, froide et implacable. Le meurtrier n’était qu’un bandit, un voleur à la tire, qui avait du la blesser mortellement pour pouvoir s’emparer de son or. L’homme a souffert, des jours durant. Puis Constantine a sombré dans la folie, il se disait hanté par le fantôme de sa compagne qui venait lui rappeler tous ses crimes et son impuissance à la ramener à la vie. On l’avait emmené dans une infirmerie ou il s’était fait soigner des mois durant pour schizophrénie et paranoïa. Il ne passait pas une journée sans qu’il ne repense à elle, et se rende compte à quel point son existence n’avait plus d’intérêt sans elle. Une fois de plus, il aurait voulu s’enfoncer son arme dans le cœur, ou s’égorger, ou se jeter dans la mer, une pierre au pied. Mais il en était incapable.

Brièvement, la lune perça à travers les nuages sombres, éclairant la mer, lui renvoyant son reflet. Un homme seul, triste et sombre qui sous des airs de mendiants et d’ivrognes cachait une vie en dérive. Le chaos à l’état pur. Il ne savait pas d’ou il partait, ni ou il allait, encore moins comment ou pourquoi, il vivait l’instant présent dans l’ennui. Il avait l’impression d’avoir cinquante ans. Cette année sans Elle lui avait déchiré l’âme et usé l’esprit. Lentement il se redressa, abandonnant sa canne, suspendue au poteau de bois, et prit la route de Sarosa. Ignorant le froid et la fatigue, il atteignit rapidement le cimetière privé ou il avait fait enterré sa douce. Au milieu des stèles blanches il y avait un véritable tombeau, sombre et luisant, entouré de centaines de fleurs très rares, venues du Sud, que les jardiniers s’efforçaient à entretenir. L’exorciste passa ses doigts sur le monument, silencieux. Sans sanglots, les larmes se mirent à couler sur ses joues crasseuses, tandis que des bribes de souvenirs heureux dansaient devant ses yeux. Il crispa sa main sur la pierre, comme pour saisir quelque chose. Il resta debout, à moitié recroquevillé sur le tombeau, plusieurs heures. Lentement, il dégaina son poignard et le plaça sous son menton, tremblant. Il fixait la roche, forçant son corps à commettre ce que son esprit refusait. Après plusieurs minutes, il finit par lâcher l’arme dont le bruit retentit en écho dans la nuit. Que pouvait-il faire, il se refusait à vivre mais ne pouvait mourir.

Rien ne le retenait, il était libre, comme il l’avait toujours été, et pourtant il ne pouvait pas se résoudre à mourir, malgré toute sa volonté de la rejoindre et d’abréger ses souffrances morales qui lui saignaient l’âme à vif. Une douleur bien plus insupportable que n’importe quel torture physique, et les Dieux savent s’il s’y connaissait sur le sujet. Un corbeau prit son envol, sur un arbre non loin, comme s’il avait attendu que Constantine se résigne à vivre.

Le mercenaire prit la flasque à sa ceinture et la bu cul sec, comme si l’alcool était un remède à l’amour. Une fois de plus, il caressa le monument mortuaire, comme s’il s’agissait de sa douce.

- Est-ce que j’ai vraiment tout foiré jusqu’au bout ?

La pensée lui a échappé, et son murmure disparaît dans l’obscurité silencieuse. Mais la question se répète en écho dans sa tête. Pourquoi tout ce qu’il entreprend doit forcément finir dans le sang ? Pourquoi ne peut-il pas mener une vie simple, comme presque tout le monde ? Pourquoi cela devait-il tomber sur lui ? Une fois de plus, il sent la colère monter en lui, prenant le pas sur la tristesse et la mélancolie. Il voudrait pouvoir tomber sur le Dieu responsable de ça et lui mettre une droite en travers du visage. Après tout, qui sont-ils pour décider du sort d’un être humain ? Et si en fait, ils ne dirigeaient rien ? Et s’ils n’étaient même pas des Dieux ? Et si tout était fruit du hasard, et qu’il était juste malchanceux ?

Cela ne le conforte pas plus, le résultat est le même, il est malheureux. L’aube pointe doucement, sous les nombreux nuages qui recouvrent le ciel de Vesperae. Il ramasse son arme et la range, caresse une dernière fois la stèle et retourne à Trigorn. Il a la gueule de bois, elle était belle. Il a froid, elle était drôle. Il la veut, elle est morte.
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MessageSujet: Re: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitimeJeu 16 Sep - 18:55

Et dernier texte, peu avant la fermeture de SO.

Constantine observa les alentours ; il y avait de la neige partout dans le petit cimetière et la tombe qu’il entretenait régulièrement en était couverte. Il avança, ses pas résonnant en échos, et grinçant dans la neige. De grands coups de bras, il nettoya le tombeau et caressa, comme à son habitude le nom de celle qu’il avait aimé, comme pour communiquer avec elle. Un grand sentiment de solitude l’emplit. Et soudain une voix féminine retentit derrière lui.

- Pourquoi es-tu encore ici ?

Il se tourna, lentement, découvrant Vicky, plus belle que jamais. Elle était pieds nus, dans la neige, une longue robe noire soulignant parfaitement ses formes légèrement bercée par le vent, tout comme sa chevelure sombre. Son teint pâle se fondait presque dans le blanc de la neige, et ses deux yeux étaient plongés dans ceux de son amant, mais ils étaient vides de toutes émotions, étrangement vides. Voyant qu’elle attendait une réponse, Constantine répondit, voulant se rapprocher d’elle, mais il était comme cloué sur place.

- Je…Je t’aime toujours, tu es la seule qui compte. Plus jamais je ne convoiterais d’autres femmes. Je me sacrifie en ta mémoire…je…
- Non.


La réponse était sèche et le coupa net dans son élan. Elle enchaîna.

- Tu ne sacrifies rien du tout, Constantine. Tu t’es remis à boire, sous prétexte de vouloir m’oublier, et tu fréquentes toujours des putains, sous prétexte que c’est humain…
- Mais je n’aimerais plus d’autres femmes…
- Non. Je suis la seule que tu aies aimé. Tu ne te prives pas d’en aimer d’autres, tu n’en es pas capable. Il n’y a pas de sacrifices. Tu veux te donner des prétextes pour te sentir comme un héros. Pire, tu crois en être un. Mais tu n’es qu’une ordure, qui m’a trompé et a brisé ses engagements, a provoqué ma mort et en a profité pour se sentir bon.

Il voulait répondre, que rien n’était vrai, qu’elle n’avait pas compris, mais son cœur battait la chamade, manquant des mesures. Il du s’agenouiller, une main sur la poitrine.

- Sens comme j’ai souffert de te voir, de l’autre monde, rompre toutes tes promesses, faire voler en éclats ma confiance en toi, et décrédibiliser tout l’amour que j’ai pour toi. Sens la torture que cela est pour moi, chaque jour.

A nouveau, il ne pouvait rien dire, il voyait des ombres danser devant ses yeux, son cœur allait de plus en plus vite, et sautait de plus en plus de battements. Il avait l’impression que l’on le lui pressait de manière très réfléchie, afin qu’il en souffre, dans tout son corps, sans que cela n’en finisse pour autant. Il resta au sol, plusieurs heures, à écouter Vicky lui réciter toutes ses fautes. Le nombre de verres qu’il avait bu, le nombre d’innocents qu’il avait blessé ou massacré, le nombre de femmes qu’il avait payé, et la peine qu’elle avait éprouvée. Puis enfin elle se tut.

La douleur, bien que toujours présente, semblait s’être atténuée aussi se redressa-t-il légèrement, pour contempler sa bien-aimée. Il réussit, entre deux gémissements, à souffler une phrase.

- J’avais prévu de te marier. Le jour de ton décès. Une bague, j’avais acheté une bague. Tu veux la voir ?

De sa main tremblante, il tira sèchement sur les dizaines de cordes qui pendaient à son cou, écartant des amulettes et des talismans pour saisir entre ses doigts un anneau d’or pur, finement ouvragé, avec un diamant au centre, sombre et luisant. A l’intérieur était gravé « Vicky ». Il tendit son bras, manquant de défaillir plusieurs fois, vers la femme.

Elle le regarda avec dédain, puis se mit à hurler, tandis que des nuages sombres s’amoncelaient dans le ciel.

- Qu’ai-je à faire de ta bague, Constantine ? Je n’ai plus de doigts ou la porter, par ta faute !

En quelques instants, le tissu se trempa de sang frais et une large plaie à sa gorge s’ouvrit tandis que ses doigts ornementés de bijoux tombaient au sol, disparaissant dans la neige, laissant le sang couleur doucement, tâchant de pourpre le blanc immaculé. Le bandit avait en effet tranché les doigts de Vicky, après l’avoir égorgée, pour s’enfuir avec les bijoux. En quelques secondes, la neige était rougie partout autour d’eux.

- Si tu avais été là, je ne serais pas morte. Si tu m’avais prouvé que tu m’aimais plus tôt, je ne serais pas morte. Si tu ne m’avais pas donné rendez vous, je ne serais pas morte. SI TU NE M’AVAIS PAS AIMÉE JE NE SERAIS PAS MORTE !

Soudain, de la neige rougie s’éleva un corps, dans une cape rouge. Il fixa Constantine de ses yeux verts. L’assassin. Lentement sa robe se déchira, au niveau du pectoraux droit, et des hanches. Là ou les deux carreaux qui avaient permit sa capture l’avait transpercé. De là, elle s’effondra totalement, révélant l’homme à nu, petit à petit sa peau tomba, comme pelée. La torture qu’il lui avait fait subir, des heures durant. Puis les orteils furent sectionnés un à un, puis les doigts, phalanges par phalanges, puis mains, pieds et pénis, ensuite avant bras et jambe, suivie des cuisses et des bras, enfin les oreilles et le nez. Tout ces bouts de chaires au sol se tortillaient sous le regard amusé de Vicky, et effrayé de l’exorciste. Les yeux de l’homme se crevèrent, percés de la lame invisible de son bourreau, puis finalement ses tripes se déversèrent dans un flot continu sur la neige avant que sa tête n’éclate en morceaux, sous la pression d’un immense marteau invisible. Quelques bouts éclaboussèrent le malheureux spectateur, tétanisé. Vicky reprit la parole.

- Savais-tu seulement qui était cet homme ? Non, bien sûr que non, le Grand Constantine est le seul à souffrir, il se fout de ce qu’il arrive aux autres. Cet homme avait une épouse et quatre enfants, il m’avait tué parce que j’avais résisté et dépouillé pour permettre de leur offrir des études. Deux jours plus tôt il avait volé de la nourriture, au marché. Il les aimait plus que tout. Il avait tué pour eux, pour qu’ils vivent. Mais toi, tu as tué pour la vie de qui, Constantine ?

Il ne savait que dire, son cerveau était tellement inondé d’images effrayantes et de souvenirs que la douleur à son cœur lui semblait dérisoire, à côté. Lentement les morceaux de l’Assassin se redressèrent, formant les corps des enfants et de l’épouse. Tous le pointaient du doigt en scandant qu’il était un meurtrier.

- Le premier enfant fut emporté par la maladie, deux jours plus tard, le second mourut de malnutrition, car sa mère s’était fait prendre à voler et avait du passer une nuit aux geôles de la milice. La pauvre femme devint folle et fracassa le troisième enfant, un bébé, contre le mur d’une demeure, avant d’aller se donner la mort dans la mer, des pierres accrochées aux chevilles.

Les silhouettes avaient disparues au fur et à mesure, et seul restait le quatrième enfant. Vicky reprit, de sa voix froide et colérique.

- Le dernier, tu sais ce qu’il est arrivé au dernier ? La même chose que toi, Constantine, chéri. Il a vu tout ça, son innocence a disparu à jamais. Comme toi, il a été reçu par des prêtres et comme toi il va être éduqué, 11 ans encore, dans un temple. Mais comme toi il nourrit chaque jour une haine envers l’homme qui a détruit sa famille. La seule différence, c’est que lui ne t’ôtera à personne, et qu’il ne répétera pas ce qu’il a subit sur des centaines, des milliers d’êtres. Il n’est pas assez arrogant, heureusement.

La silhouette de chaire s’approcha de lui, menaçante et ses mains molles et chaudes, trempées de sang lui étreignirent la gorge. L’exorciste se débattait, coup de poings, de pieds, le bruit flasque du coup, une gerbe de sang dans les airs, mais rien de plus. Constantine manquait d’air, il se sentait partir, mais l’emprise cessa et la silhouette refondit dans la neige souillée.

- Et maintenant, boucher, erreur de la nature, fou, assassin, ivrogne, traître, lâche, coureur, âme perdue, cœur de pierre, meurtrier, faible, Constantine ? Qu’attends-tu pour toi aussi te donner la mort, et nous épargner des années de sang supplémentaire, avant que le fils de cet homme ne te tue ?

Il était épuisé, tant physiquement que moralement, les larmes coulaient sur son visage, ses mains se crispaient sur sa poitrine, son corps était parcourus de spasmes et son esprit lui jouait des tours. Vicky lui cracha au visage puis se retourna tandis que des centaines d’âmes, toutes ses victimes, lui apparaissaient, des armes à la main, pour le ruer de coups. L’étau se resserra, il poussa un cri et se réveilla.

Dégoulinant du sueur froide, l’air hagard, il chercha dans la caserne, sa bien-aimée, en vain. Il lui fallu plusieurs minutes pour se remettre de ce qu’il avait vu. Il tira à sa gorge, les talismans et saisit entre ses doigts sa bague de fiançailles, la faisant rouler sur son pouce. Il le laissa pendre, se redressant et parcouru maladroitement la pièce jusqu’à son paquetage dont il tira une petite boite contenant plusieurs parchemins froissés. Il en tira un, la dernière lettre qu’il avait reçu d’Elle. Il n’y avait que trois mots qui lui réchauffèrent l’âme, comme un remède à son cauchemar. « Je t’aime ». Il contempla la phrase plusieurs minutes, puis la rangea en murmurant.

- Tu me manques.
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MessageSujet: Re: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitimeVen 17 Sep - 20:38

( t'as finis ? jte jure je vais le lire )
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MessageSujet: Re: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitimeVen 17 Sep - 20:41

(Mdr. Bah c'comme des textes séparés donc ouais c'est finit. M'enfin j'devais écrire d'autres textes en rapport mais là j'ai plus trop le temps x_X)
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MessageSujet: Re: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitimeMer 15 Déc - 4:44

(P'tit up, j'ai finalement retrouvé le premier texte égaré, et ajouté les deux suivants (et dernier ?). Par souci de clarté quand à la chronologie je me permet un peu de propagande pour un autre forum ou tout a été hébergé dans le bon ordre et ou, finalement, ce texte à plus sa place.

http://nsarosa.forumactif.org/bibliotheque-f18/vicky-mais-il-faut-un-titre-de-dix-caracteres-t77.htm

Si ça te plait pas trop la propagande Tyr, tu peux supprimer le topic, sans la chronologie ce sera vraiment trop le bordel :s)
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MessageSujet: Re: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitimeMer 15 Déc - 11:14

Osef de la pub sinon cf forum rp pour mon avis *pub*
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MessageSujet: Re: Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères)   Vicky (Mais il faut un titre de dix caractères) Icon_minitime

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